Un peu d'eau fraiche [ PV Lydia]

" L'eau est plus précieuse que ne pourrait le croire les innocents animaux qui la boivent sans y penser. Elle est à l'origine de toute vie. Sans elle, nous ne serions sans doute pas là. Tout ce qui vit à besoin d'eau, toi, moi, les plantes et les bêtes autour de nous... Précieux nectar de la vie, elle revigore nos cellules, et... "

Richards secoua la tête, voyant tout le ridicule de la situation:

" Mais qu'est-ce que tu en sais, toi, hein? Après tout, tu n'es qu'un écureuil. "

Le petit animal roux à qui il était en train de parler des bienfaits de l'eau depuis une bonne dizaine de minute redressa brusquement la tête, et apercevant le grand chien posé près de lui, prit peur et s'enfuit. Richards, amusé, se tourna vers la petite rivière près de laquelle il s'était assit. Il aimait bien parler, malgré son manque d'affection pour le commun des mortels, et surtout, il aimait bien faire partager son savoir. C'était comme ça qu'il se retrouvait à discuter avec des bêtes de tout poils, parlant plus pour lui même que pour ses interlocuteurs.

Il plongea son museau dans l'eau, et lapa une longue gorgée du précieux liquide. Il n'était plus aussi seul depuis qu'il avait fait la connaissance de Culann, mais il tenait quand même à le rester de temps en temps. Il chérissait sa solitude, qui lui apportait souvent un bon moyen pour réfléchir, nullement troublé par qui que ce soit. Il avait besoin de se retrouver seul de temps en temps, rien que pour pouvoir se plonger dans son passé...
Le barzoï soupira: ça faisait longtemps qu'il n'avait pas pensé à son maître, à tout ce qu'ils avaient traversés ensemble...

Lydia venait de passer plusieurs jours à marcher sans rencontrer de meute inconnue depuis qu'elle avait quitté son "bataillon" sur ordre de Victor pour se renseigner sur les locaux. Mais, tout au plus avait-elle traversé quelques villages et croisé des chiens apprivoisés par les humains, mais ce n'était pas eux qui l'intéressaient le plus.

Alors qu'elle marchait le long d'un cours d'eau, elle entendit une voix qui provenait d'un peu plus loin devant elle. Intriguée, elle s'approcha, mais pris garde de rester sous le couvert des buissons, juste au cas où. Elle avait été envoyée ici seule pour garantir la discrétion de l'opération, mais si elle se faisait attaquer par une meute entière, elle ne ferait pas long feu !

Elle examina de loin le chien qui... parlait tout seul ? Et il avait l'air d'en savoir long sur le sujet de l'eau, mais c'était quand même étrange qu'il en parle tout seul... d'où elle était, la chienne russe ne pouvait voir l'écureuil. L'autre était un grand chien gris, type lévrier, et il portait une médaille à son collier.

"Ah, un chien de compagnie..." pensa la Berger Allemand, légèrement déçue. Mais où étaient donc les meutes de chiens sauvages dont elle avait entendu parler ? L'autre chien étant seul, elle se dit que rien ne coûtait de lui demander. Elle sortit des buissons et s'éclairant la gorge.

- Hey, si tu veux parler, j'ai quelque questions à te poser..., elle demanda, en essayant de ne pas paraître trop condescendante envers le lévrier... en même temps, la plupart des chiens de compagnie qu'elle avait rencontrés ne brillaient pas par leur courage ou leur intelligence.

Richards était toujours plongé dans ses pensées quand l'odeur familière d'un canidé vint jusqu'à lui. Il tourna la tête juste à temps pour voir une chienne sortir des fourrés. Berger allemand. Fourrure bleutée. Femelle. Sans un mot, Richards enregistra ces détails, se disant que cette coloration de fourrure était rare, chez ce genre de chiens...
Quand elle s'adressa à lui, il se releva. Il était beaucoup plus grand que la chienne... Beaucoup plus grand que bien des chiens, à vrai dire.

" Très chère, là d'où je viens, c'est n'est pas une façon de s'adresser à un inconnu. "

Il secoua la tête:

" Enfin. Je suppose que c'est l'usage, ici. "

Maintenant qu'il y pensait, la chienne ne semblait pas être d'ici, elle non plus. Il décela une légère point d'accent, mais il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus...

" D'où venez vous? "

Lui qui faisait des leçons de politesse quelques secondes auparavant oublia bien vite l'étiquette.

Lydia leva les yeux vers le grand lévrier en faisant la moue. Elle n'était pas plus petite que la moyenne des Bergers Allemands, mais quand même ce chien était... grand ! En même temps, pourquoi espérer quelque chose d'autre de la part d'un lévrier ? Elle se doutait même qu'à la course, elle ne le battrait jamais.
Enfin ça n'était tout de même pas une raison de lui faire la morale, non mais qu'ils étaient malpolis ces chiens à humains !

- Je suis désolée si ma façon de parler ne convient pas à vos... manières de salon, "Monsieur"..., dit-elle d'un ton professionnel, sans une once de culpabilité. Elle hésita néanmoins à répondre à la question du lévrier sur son origine. Non, il ne fallait pas mettre le plan de Victor en difficulté en dévoilant d'où ils venaient... Bien qu'elle essayait de dissimuler son accent du mieux qu'elle pouvait, elle ne pouvait le cacher complètement.

- Cela ne vous regarde pas. C'est moi qui pose les questions ici. Je veux savoir quelles meutes vivent dans le coin, qui sont leurs chefs, de combien sont leurs effectifs, et leur localisation. Elle gardait un ton hérité de son passé de chien militaire, et ajouta :

- Mais je doute qu'un animal de compagnie puisse me répondre...

Richards réalisa, trop tard, qu'il n'était pas très malin d'avoir vexé la chienne. Il avait beau être grand et relativement fort, il ne ferrait sans doute pas le poids si elle décidait de l'attaquer. Elle semblait athlétique, et le ton qu'elle employait laissait supposer qu'elle ne se laissait pas impressionner.
Enfin, elle ne semblait pas chercher la bagarre. Visiblement, elle cherchait juste des informations... Un peu comme lui, en somme. Cependant, malgré toute sa volonté de ne pas provoquer la chienne d'avantage, sa remarque sur ses "manières de salon" fit tiquer le barzoï.

" Je ne suis pas un animal de compagnie. Je suis un scientifique, et les humains ne sont qu'un de mes nombreux sujets d'étude. "

Il se garda bien de dire qu'il avait été pendant de nombreuses années un animal domestique. Elle n'aurait pas compris. Personne ne semblait apprécier les animaux de compagnie, dans ces terres, et il aimait autant être pris au sérieux, tant pis si il avait à nier ses origines.

" Il est vrai, en revanche, que je ne suis pas le mieux placé pour vous informer des... "meutes" et de leurs secrets. Je ne m'intéresse pas aux faits et gestes de ces barbares. "

Il tourna la tête:

" Cependant, si vous continuez par ici et que vous traversez Futago Pass, vous finirez par tomber sur le territoire d'une "légende", comme il dise par ici. Un certain Gin, un chien chasseur d'ours qui aurait acquis une certaine notoriété par ici. "

Lydia leva les yeux au ciel. Un scientifique, rien que ça... Il n'allait quand même pas lui faire croire qu'il avait décidé de lui même de poster un collier pour vivre avec les humains et... les étudier ? Quelle drôle d'idée. Tout le monde savait que les humains ne respectaient aucune autre espèce vivante, elle la première. Elle avait vu comment ils utilisaient des chiens et des chevaux dans leur guerre comme chair à fusil... Enfin, elle n'était pas ici pour blablater des humains avec un étranger, elle avait une mission à mener.

Elle l'écouta impatiemment ensuite, sans oser l'interrompre alors qu'il semblait enfin décidé à lui fournir quelques maigres informations. En tout cas, elle était d'accord avec lui à propos de ces "barbares" de meutes sauvages, elles n'étaient certainement pas aussi disciplinées que son bataillon !

Elle dressa les oreilles quand le lévrier lui parla de Gin :

- Une légende ? Tiens donc... Mais cela ne l'avançait pas beaucoup, tout au plus elle connaissait le nom du chef de meute et la localisation approximative... Elle ne pouvait quand même pas ramener ce peu d'information à Victor, qui s'empresserait de lui arracher la fourrure des fesses pour ne pas avoir su mener à bien une simple mission de reconnaissance.

- Bien... Je suppose que c'est tout ce que j'aurai comme information aujourd'hui... dit elle dans un soupire. En fait, cette mission commençait à lui taper sur les nerfs : elle n'arriverait jamais à réunir assez d'information toute seule, sans savoir où chercher de plus !

- Merci de votre collaboration, "Monsieur le Scientifique"..., elle ajouta avant de s'apprêter à partir.

" La Russie. "

Richards avait lâché ça comme ça, sans écouter ce que la chienne avait dit après qu'il lui ai fournit le peu d'informations dont il disposait. Comme toujours, il avait tendance à ne se fixer que sur des détails, et à négliger le reste.
Il réfléchissait sur la nature de l'accent de la chienne depuis qu'elle l'avait abordé, et, cette fois, il pensait avoir trouvé.
Elle semblait prête à prendre congé, aussi il s'approcha légèrement, tout en gardant ses distances, au cas où:

" Viendriez vous de Russie? "

Un léger sourire se dessina sur les babines du grand chien:

" Je ne saurais laisser une compatriote dans l’embarras... Ça fait des lustres que je n'ai pas croisé la route d'un habitant de ma terre natale.."

Comme la vie était plus douce, à cette époque... Il n'allait sûrement pas dire à la chienne combien il avait apprécié vivre aux côtés de son maitre, mais repenser à cette époque et à son pays le mettait de bonne humeur. Tout lui semblait tellement plus facile...

Lydia plaqua les oreilles contre son crane quand elle entendit ce que le grand chien venait de dire. Mais comment..? Peut-être était-il au courant de l'opération menée par Victor ? Si, oui, était-il un ami ou un ennemi ?

"Mmmh... Il parle de compatriote, ça veut dire qu'il est vient de Russie aussi... Je dois faire attention, dans ce cas... mais je peux aussi l'utiliser."Le grand chien gris s'approchait, l'air beaucoup plus... sympathique que quelques minutes auparavant. Elle ne pouvait plus mentir, enfin, pas entièrement.

- Oui, c'est exact, elle avoua, avant d'ajouter :

- C'est assez... étrange de rencontrer quelqu'un de cette contrée ici. Elle se demandait si elle pouvait lui faire un peu confiance sur le moment, et décida rapidement que non. Cela ferait courir trop de risques à sa mission, et elle n'était pas certaine des relations entre ce chien et les locaux. Il pouvait aussi bien devenir un allié qu'un ennemi, et partager leurs plans n'était pas la chose à faire pour le moment.

- Comment êtes-vous arrivé ici ? elle demanda, sans cacher son accent cette fois, et gardant son ton poli et vraiment intéressé cette fois.

A l'évocation de leurs origines communes, la chienne semblait se radoucir. Cependant, Richards n'était pas dupe: elle semblait encore distante, et il paraissait évident qu'elle n'allait pas s'ouvrir à lui ou se mettre à lui faire confiance.
Quand elle lui demanda comment il était arrivé ici, il hésita également: devait-il dévoiler maintenant son passé étroitement lié aux humains? Il avait bien compris que beaucoup de chiens dans les environs n'appréciaient guère les hommes... Enfin, Richards n'était pas le genre de chien à avoir honte de là où il venait, surtout pas quand ça concernait les humains. Il expliqua donc, d'une voix calme:

" J'ai longtemps vécu avec un humain. Quand il a voulut quitter la Russie pour vivre pleinement sa retraite, j'ai accepté de le suivre... Et me voici. Pas forcément le pays que j'aurais choisit pour finir ma vie... "

Il eu un léger sourire:

" Mais qu'est-ce que j'en sais, je n'étais qu'un animal domestique, hum? "

Il y avait une légère pointe de défi dans sa voix. Si il doutait d'avoir le dessus dans un combat, il ne laisserait personne dire du mal de feu son humain. Il n'employait jamais le mot maitre ou propriétaire quand il repensait au vieil homme, et c'était bien naturel: il avait été son ami avant tout...
Calme toi, se dit-il, Ce n'est franchement pas le moment d'être sentimental.

Lydia sentait que le grand chien gris hésitait à tout lui raconter en bloc, peut-être avait-il lui aussi quelque chose à cacher ?
Enfin il ne tarda pas à lui expliquer qu'il avait simplement suivi son humain au Japon, enfin à ce qu'il disait. Lydia hocha la tête sans faire de commentaire à propos des chiens domestiques, elle n'avait pas besoin de faire de ce lévrier intrigant un ennemi de plus. Et puis, elle n'était pas si innocente, dans la catégorie des "chiens à humains", mais ils ne jouaient pas dans la même catégorie, elle était loin d'être une chienne de salon !

- Vous auriez préféré rester en Russie, je me trompe ? elle demanda, même si elle se doutait déjà que, comme elle, il aurait préféré rester au sein de sa patrie plutôt que de la quitter pour un pays étranger.

- Les humains sont des êtres... incompréhensibles..., elle dit d'un air amer. La Berger Allemand n'alla pas plus loin dans sa pensée, se doutant qu'en tant qu'animal de compagnie, le Barzoï devait aimer sinon aduler les humains. Mais ce n'était pas lui qui avait été entraîné à combattre pour eux pour une cause connue d'eux seuls et à finir sa courte vie en porteur de bombe vers le camp ennemi...

Un léger tressaillement parcouru l'échine du barzoï: ce discours sur les humains, il l'entendait souvent, et il avait toujours le même effet sur lui. Parlaient-ils seulement de la même espèce?

" Vous plaisantez? Ils sont bien les seuls à chercher à donner un sens à notre monde... La racaille qui vit dans ces bois n'en a que faire, des petite merveilles que le monde attends que nous découvrons... L’Homme a trouvé le moyen d’apprivoiser le monde, et nous avons tous beaucoup à apprendre de sa sagesse. "

Un léger sourire se dessina sur les babines du grand chien:

" Ça ne veut pas dire qu'ils soient parfois, je vous l'accorde. Mais tout ce qui est vivant est imparfait par nature. Les choses temporelles comme nous ne sommes pas faits pour viser la perfection. "

Richards secoua la tête: il était conscient d'être capable de parler pendant des heures de ce genre de chose. Et si il ne se lassait pas, ce n'était pas le cas de son auditoire. Il lui était arrivé bien souvent de se mettre à parler, et de se rendre compte que celui à qui il faisait tout ses beaux discours en avait profité pour filer.
Là n'était pas la question.

" Je m'excuse, je digresse. La Russie, vous disiez... Je m'y plaisait, je dois l'avouer. Mais il y a tant à découvrir à travers le vaste monde, que j'étais satisfait de pouvoir voyager. Bien que, pour le moment, mes expériences se sont avérées... Décevantes. "

Façon soutenue de dire qu'il s'emmerdait bien, ici. Certes, depuis qu'il avait rencontré Culann, il était moins seul, mais la solitude n'avait jamais été son problème: c'était le manque d'activité intelligente qui commençait à le travailler. Peut-être que cette chienne pourrait lui apporter un peu de réflexion... Elle ne lui avait toujours pas dit ce qu'elle faisait là, peut-être que le barzoï y trouverait un quelconque intérêt...

Lydia pencha la tête sur le coté alors qu'elle écoutait le lévrier déblatérer sur les humains. Pour elle, ils ne cherchaient pas à comprendre le monde, mais à le conquérir par tous les moyens, sans se soucier du nombre de vies sacrifiées pour cela.

- Si les humains veulent apprivoiser la nature à coups de bombes..., elle murmura d'un air sarcastique, sans poursuivre. Autant éviter d'en raconter trop sur ce qu'elle avait vécu lorsqu'elle était entraînée par des humains. Et puis le grand chien gris semblait trop emporté sur sa réflexion, ce qui commença à ennuyer la Berger Allemand. Elle avait une mission à remplir et ne pouvais pas se permettre de perdre trop de temps !

Elle hocha la tête alors que le sujet en était revenu à leur pays d'origine. Pour sa part, elle serait bien restée en Russie pour éviter d'avoir à traverser la mer et une chaîne de montagnes avant d'arriver ici. Enfin elle avait simplement suivi le groupe sous les ordres de Victor.

- En même temps, il n'y a pas grand chose à faire quand on vit chez les humains... Elle se décida à ajouter quelque chose sur la raison pour laquelle elle se trouvait ici, sinon le Barzoï risquait de se poser trop de questions...

- Pour ma part, j'ai suivi une meute jusqu'ici. Je compte euh... M'installer dans le coin, si je peux, alors j'essaye de me renseigner sur les meutes avoisinantes... Bon d'accord, c'était nul comme mensonge, mais elle n'avait pas le temps de le peaufiner plus que ça.

Richards appréciait de rencontrer des chiens (ou tout autre animal capable de communiquer avec lui) qui ne partageaient pas son avis. Le seul problème avec la compagnie des humains, c'était le fait de ne pas pouvoir communiquer avec eux... Pas de façon clair, du moins! Le seul avantage qu'il voyait dans la compagnie de ses pairs canins

" Si les chiens d'ici avaient assez de matière grise pour construire des bombes, il auraient sans doute fait sauter la planète depuis longtemps. C'est une chance qu'ils aient le quotient intellectuel d'un rocher moyen. Hougen, en particulier. Je comprends que certains n'aient pas les humains en haute estime, mais quand on appartient à la même espèce que ce grand benêt, on n'est pas en mesure de les juger. "

Le barzoï retroussa les babines:

" C'est de celui là dont il faut se méfier, si vous comptez vous installez dans les environs. Son territoire est plutôt loin, mais ce balourd s'est mis en tête de monter une armée pour anéantir tout ceux qui se mettent en travers de son chemin. Charmant projet, n'est-ce pas? "

Il secoua la tête: si il y avait une chose qu'il ne supportait pas, c'était ce genre de brute sans cervelle. Ceux d'Ohu, il ne les aimait pas. Mais au moins, ils semblaient avoir un certain sens de l'honneur, que Hougen et ses "amis" n'avaient pas...

Lydia faillit lever les yeux au ciel en entendant le grand chien gris dire que les chiens aussi pourraient fabriquer des bombes. C'était peut-être vrai, mais pour l'instant, les seuls à les utiliser étaient les humains, et ils n'hésitaient pas à envoyer d'autres créatures en porter, ces dernières n'y pouvant rien... Et puis d'abord, lui aussi était un chien !

- Cela m'étonnerai quand même que vous, vous ayez assez de cervelle pour en construire une, de bombe... elle ronchonna.

Elle dressa les oreilles quand commença à parler d'un chien des environs, Hougen apparemment. Cela l'intéressait beaucoup plus que les bombes ou les humains, au moins elle aurait un peu plus d'informations.

- Il doit avoir ses raisons pour ne pas aimer les humains. Une armée, vous dites ? C'est intéressant... Nous sommes des animaux, les guerres pour les territoires sont dans notre nature, elle dit en regardant le Barzoï. Enfin, elle ajouta, ça ne doit pas être évident pour les chiens de compagnie, la survie dans la nature...

Elle voulait néanmoins en savoir plus sur ce Hougen et son armée, pour connaître l'étendue des forces ennemies en ces terres. Il allait leur falloir, à elle et au reste du bataillon, se faire une place parmi les meutes déjà existantes, quitte à en écraser une ou deux... Et bien sûr, Victor avait implicitement signifié que toute collaboration avec les locaux ne l'intéressait pas...

- Et donc... Vous n'en savez pas plus ? Je pense que quelqu'un d'aussi... cultivé que vous, doit avoir un certain intérêt à examiner les interactions sociales entre les meutes... je me trompe ? Elle avait perdu son ton moqueur envers le lévrier, et était redevenue plus sérieuse dans sa tentative pour le faire parler.

" Construire une bombe n'est pas bien sorcier... Ce qui me manque, en l’occurrence, c'est la paire de pouces nécessaire à la manipulation d'outils... Un bien bel avantage que les primates, et donc les humains, ont sur nous. "

Il secoua la tête: où est ce qu'il partait, avec ça? Il jeta un léger regard à ses grosses pattes velues. C'était pas demain la veille qu'il construirait quoique ce soit d'avancé, avec des paluches comme ça... Enfin. Rouspéter à cause de l'évolution qui n'avait pas voulu fournir à son espèce les bons outils pour prospérer comme il l'entendait, c'était un de ses sujets de prédilections.
Il sentait bien, en revanche, que la chienne avait envie de couper court à la discussion. Tant pis, il s'en passerait.
La nouvelle remarque de la chienne sur les chiens de compagnie le fit tiquer:

" Je vit "dans la nature", comme vous dites, si l'on peut parler de nature tant ces lieux et l’écho-système a été déréglé par les dizaines de chiens qui les peuplent, depuis sans doute bien plus longtemps que vous. J'ai déjà parcouru une bonne partie du globe, en compagnie des hommes, il est vrai, mais je peux me vanter d'en savoir milles fois plus que tout les traines misères qui peuplent ces bois. "

Il soupira:

" Les meutes et leurs histoires m'intéressent peu, je dois l'avouer. Leurs raisons de se battre sont puériles, il y a bien suffisamment de territoire et de nourriture pour tous, ici. D'après ce que je sais, les chiens d'Ohu n'apprécierait pas les tentatives d'Hougen d’agrandir son territoire. Peut-être bien qu'ils ne sont pas si stupides, finalement. Ils doivent bien sentir qu'il est prêt à venir les exterminer. "

Il marqua une légère pause, le temps d'organiser ses pensées, puis continua:

" Si ils n'agissent pas en conséquences, je doute qu'ils aient le dessus. Hougen a autant de neurones connectés que le plus barbare des bestiaux, mais sa puissance n'est pas à prendre à la légère. Ils sont nombreux à l'avoir rejoint. Tout les petits tyrans du coup. Et, bien sûr, tout ceux qui avaient trop peur de lui pour l'affronter. "

D'un air désinvolte, il termina sa tirade:

" Si j'étais de ceux d'Ohu, je me dépêcherais d'organiser la résistance. Mais qu'est-ce qu'ils en savent de l'art de la guerre? Ils ne sont que des chiots pris par leur arrogance. Ils se disent légendes, mais je doute que la légende les aide face à des ennemis de chair et d'os... "

Lydia soupira, exaspérée alors que le grand chien lui parlait de bombes et de pouces. Il ne pouvait pas se satisfaire de ses griffes et ses crocs, comme tout le monde ? Décidément, elle était tombée sur un bien curieux personnage, qui était à la limite de vouloir devenir un être humain.
La Berger Allemand essaya de ne pas perdre patience alors qu'il la reprit pour la énième fois à propos de la nature. Il ne pouvait pas prendre un mot au sens premier et s'en contenter, pour changer ?

- Bien, bien, vous êtes un chien errant... elle grommela entre ses dents.

Elle écouta cependant le reste du monologue du Barzoï sur les meutes des environs, celle d'Ohu et celle dirigée par ce Hougen, en espérant encore au moins avoir une petite information de plus que le fait que le chien gris avait une très faible opinion des autres chiens. Malheureusement pour elle, il n'en ressortit pas grand chose, bien qu'elle eu cependant une meilleure idée de l'organisation : Ohu devait être le chef-lieu de la meute résidente des environs, et Hougen devait chercher à empiéter son territoire.
Elle se demanda sur laquelle des deux meutes elle devrait se renseigner en priorité. D'après le lévrier, celle d'Hougen devait être nombreuse et avoir plusieurs meutes annexes, alors que la meute d'Ohu comportait des "légendes"...
La Berger Allemand décida qu'elle se renseignerai en chemin pour avoir plus de précisions sur les forces respectives de ces deux armées, mais elle n'allait certainement pas en demander plus au grand chien gris ! Il n'avait pas l'air d'en savoir long sur le sujet, et de plus il ne perdait pas une occasion de se perdre en réflexion sur des sujets qui n'intéressaient pas Lydia. Elle sourit tout de même en entendant sa remarque sur la guerre.

- Ah, bah ça... Sans entraînement correct... elle dit, plus pour elle même que pour l'autre.

- Je pense que je devrais continuer ma route, merci pour ces informations, tout de même, elle dit poliment au Barzoï. C'est déjà un début...

" Je ne pense pas que l'entrainement y changerait grand chose. Même la meilleure volonté du monde ne les empêchera pas d'être écrasé par le nombre. C'est recruter qu'il leur faudrait, mais ils ,ne risquent pas de le faire si ils ne sont pas conscient du risque qu'ils courent... "

Il réfléchit un instant: Il avait beau ne pas apprécier les chiens d'Ohu, qu'arriverait-il si Hougen les anéantissait bel et bien? Il ne serait sûrement pas le genre de chien à tolérer des individus extérieurs à sa meute dans son nouveau territoire, et Richards n'avait pas tellement envie de se mesurer au grand danois. Malgré toute l'aversion qu'il éprouvait, il savait que dans un combat, il ne serait pas victorieux, la force physique l'emportant sur l'intelligence, surtout avec un adversaire aussi grand qu'Hougen. Si jamais cette guerre éclatait bel et bien, il lui faudrait trouver un nouvel endroit ou exercer sa science. Au cas où...

La chienne manifestant son envie de continuer sa route coupa court à ses réflexions. Il eu un léger sourire:

" Certes. J’espère que vous trouverez ce que vous chercher... Hum... Comment vous appelez vous, m'avez vous dit? "

Il n'était plus tellement sûr que des présentations en bonnes et dues formes aient eu lieux. A vrai dire, il ne se souvenait pas lui avoir dit son nom lui non plus.

Lydia se retint de dire quelque chose alors que le Barzoï était en train de recommencer à sortir sa science , cette fois sur les capacités de combat des chiens d'Ohu. Il devait se faire tabasser souvent, s'il faisait ça à d'autres chiens moins patients qu'elle. Heureusement, avec les pattes qu'il avait, il devait sûrement courir très vite, et rapidement distancer ses opposants.
Mais le lévrier avait raison pourtant, il était vrai qu'un bon entraînement n'avait pas beaucoup d'utilité face à des ennemis cinq ou dix fois plus nombreux. C'est d'ailleurs une des raisons pour laquelle la chienne avait été envoyée en mission : pour se renseigner discrètement sur les locaux, et ainsi éviter l'affrontement direct, qui risquerait d'être défavorable au petit bataillon de chiens russes.

La Berger Allemand dressa les oreilles alors que le chien gris lui demandait son nom. Effectivement, ils n'avaient pas été présentés, le nom d'un inconnu qui ne lui servirait pas à grand chose n'intéressait pas Lydia. Elle ne vit pas de raison de lui mentir, néanmoins.

- Je suis Lydia, nous n'avons pas été présentés... Et vous êtes ? elle demanda, plus par politesse que par véritable intérêt. Elle avait appris que commencer à connaître des chiens lui rendait la tâche plus difficile par la suite, si jamais elle devait les trahir... On ne sait jamais !

Lydia. Richards se dit qu'il lui faudrait s'en souvenir: quelque chose lui disait que ce serait pas la dernière fois qu'il aurait à faire à cette chienne. Elle ne lui avait pas tout dit, il le savait. Mais comment la blâmer? Si elle avait quelque chose à faire de plus important que de trouver un territoire pour y vivre, elle n'avait sûrement pas à partager des informations avec un étranger... Enfin. Elle n'avait pas été hostile, et, de toute manière, elle en savait déjà suffisamment assez sur le compte du barzoï. Lui, il n'avait rien à cacher. Autant lui révéler son nom, lui aussi.

" Je tâcherais de m'en souvenir, Lydia. Je m'appelle Richards. "

A chaque fois qu'il prononçait son patronyme, un étrange sentiment l'envahissait. Ce nom, c'était son maitre qui lui avait donné, et il ne pouvait s'empêcher de ressentir une certaine nostalgie quand il l'entendait. Enfin. Les sentiments, ce n'était pas son fort, et il eu vite fait de se reprendre. Si il commençait à se montrer vulnérable, surtout devant la chienne, il risquait gros. La vie lui avait appris à ne pas en dévoiler trop aux autres, et il appliquait cela à la lettre. D'une voix neutre, il s'adressa à Lydia:

" Bon, et bien, je ne voudrais pas vous retarder plus longtemps. Si vous croisez le chemin d'Hougen, mordez lui donc les jarrets de ma part. Et bonne chance pour la suite de votre exploration. "

Lydia vit que le Barzoï hésitait avant de lui répondre. Ou alors était-il complètement perdu dans ses pensées ? Elle ne pouvait le savoir, peut-être avait-il aussi quelque chose à cacher...

Enfin il lui dit son nom : Richards. La Berger Allemand se dit que cela collait parfaitement avec son air hautain de Monsieur Je-Sais-Tout. Elle nota de se souvenir de lui, on ne sait jamais. Il pourrait aussi bien se montrer un allié qu'un ennemi... Enfin, comme ici il ne semblait pas porter Hougen dans son cœur, elle était presque certaines qu'il ne gênerait pas le bataillon de chiens Russes s'ils décidaient de conquérir le territoire du danois.

Richards semblait de retour dans ses pensées pendant un instant, et Lydia en profita pour le détailler encore une fois. Puis finalement elle hocha la tête quand il la salua.

- Merci, et bonne continuation à vous aussi, Richards. Elle dit d'un ton professionnel des plus polis. Elle se tourna ensuite dans la direction qu'elle suivait depuis qu'elle avait été envoyée en mission et se remis en marche sans plus de cérémonie.

((Fini fini ? Pas de rebondissement ? Une monstre ou je ne sais quoi ? XD))

[ HJ: Ouh, non, clôturons donc ce sujet avant que ton perso perde patience et soit obligée d'étrangler Richards pour l'empêcher de causer ]